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Joséphine Baker

Écrit par Sidney Ali Mehelleb

Création Sonore Laurent Sellier
Voix Marianne Schlégel

JOSÉPHINE and I

Ce témoignage est écrit pour une voix féminine et métissée

Bonjour à vous qui écoutez…

Voilà comment tout a commencé pour Joséphine and I :

On entend des raclements de gorge. Puis avec une voix de chef d’orchestre un poil autoritaire.

– À l’entracte, tu seras Joséphine Baker, tu apparaîtras, la musique commencera, tu danseras, tu feras tourner tes yeux à gogo dans tes orbites, tu te déhancheras comme si ta vie en dépendait, puis on te donnera le micro et au milieu de l’orchestre, tu chanteras Adieu Foulards Adieu Madras.
– Chanson que jamais Joséphine n’a chanté nous sommes d’accord ?
– Oui nous sommes d’accord mais ne critiquons pas la playlist tu veux bien ?
– Avec plaisir !
Ma langue, mon accent seront des armes inattendues me suis-je dit secrètement, je faisais partie de sa tribu, c’était signé par le son.

On entend une version instrumentale de «quand je pense à ça» très lointaine.

Quand je pense à ça…
… à toi à moi voici ce qui éclate dans mes yeux mes orteils et mon interminable front bronzé… Et te voilà ! Tu attends en coulisse du Bal ! Impatiente d’en découdre ! Soir de première ! Le cabaret s’élance, tambours battants, ça chaloupe à tout va, ça swingue, ça se souvient, ça pleure parfois, ça rit souvent, puis vient l’entracte qui me laisse le temps d’enfiler ton corps si souvent commenté Joséphine, tu t’en doutes j’y ai mis beaucoup de minutie car je ne voulais surtout pas te trahir – tu l’as été si souvent – il paraît que je te ressemble. Je peaufine mon maquillage, ma tenue, mes attitudes et je suis loin du compte, alors je me dis qu’il me faut trouver l’essence-essentielle qui nous lierait pendant ces quelques minutes où je serai toi, et qui ferait remonter ce que tu as contribué à bâtir de ton vivant. Dévoiler ton corps comme une fresque épique, résistante, en lutte constante à peine visible face à l’idiot qui ne voyait en toi qu’un bout de chair. La voilà notre bataille ! Une lutte sans relâche dans chaque geste, chaque faille, chaque tentative. Alors j’ai monté les marches qui me séparaient de la scène. « J’ai deux amours » résonnait dans la douce voix d’une de mes comparses de Bal… LET’S GO ! Le rythme s’accélère et se métamorphose en Charleston électrique et terreux ! J’entre en piste et tous les yeux se tournent sur toi. Je ne suis plus rien. L’audience ne peut pas se cacher devant toi. Impossible de mentir. Tu les mets à nue car tu es nue. Le miracle m’éclate en pleine face. Mes pupilles malicieuses. Mon corps s’étire, se contracte, saute avec une agilité irrésistible. La transpiration, les pleurs, les postillons révèlent la tribu arc-en-ciel en plein jour. C’est notre secret. Toi, le public et moi sommes la tribu des résistants face à la bêtise. Car c’est ici que nous nous reconnaissons Joséphine. Dans cette résistance face à la bêtise. Résister veut aussi dire la dévoiler et lui tendre un miroir qu’elle ignore. Résister signifie planter une graine fertile pour une renaissance bienveillante. Voilà ce qui nous lie Joséphine. Ce qui lie chaque être :
Aller et danser au départ, à l’arrivée et pendant le voyage !

Tendrement, sincèrement à toi Joséphine et à vous qui écoutez…

Signé,

I pour les intimes.

1 commentaire pour “Joséphine Baker”

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