Aller au contenu

Marguerite Bervoets

Écrit par Yoann Lavabre

Création Sonore Laurent Sellier
Voix Marianne Schlégel

Il faut aller en Belgique, à Mons, sa ville natale, ou ici, à Guyancourt, pour trouver une rue qui porte son nom : Marguerite Bervoets. Mais qui est donc cette dame du temps jadis ? 

Marguerite a 16 ans quand elle écrit son premier poème : 

Je mourrai seul, sans bruit, à la chute d’un soir

Poudré de ce soleil qui sait combien je l’aime

Brillante élève, elle étudie la philosophie et les lettres et consacre sa vie à la poésie. Elle devient enseignante en 1937. Si elle n’a pas le temps de faire carrière, la jeune professeuse de 23 ans n’en marque pas moins profondément l’esprit de ses élèves. L’une d’elle en témoigne ainsi des années plus tard : 

J’ai aimé Marguerite Bervoets avec toute l’admiration, tout l’enthousiasme d’une jeune fille. Entrée à l’école normale en 1937, j’ai eu le bonheur de suivre ses cours de français pendant une année. Nous étions, mes camarades et moi, charmées par sa grâce, son intelligence, sa bonté. Elle m’a influencée profondément pas sa sensibilité, son tact, sa gentillesse. Elle m’a entraînée dans un monde de poésie, d’art et d’idées. (…) Je lui suis tellement reconnaissante de m’avoir appris à m’évader !

Dès les premiers instants de la guerre, Marguerite se donne corps et âme à la cause de la liberté. Loin de se réfugier dans une tour d’ivoire, elle s’engage activement dans la résistance pour lutter contre le nazisme et rejoint l’armée secrète de La Légion Belge. Sa plume devient une arme quand elle fonde un journal hebdomadaire clandestin, La Délivrance, dont elle est la principale rédactrice.

Le 13 novembre 1941, consciente du danger qui la guette, Marguerite écrit un testament qu’elle confie à son amie, Lucienne – qui ne devra l’ouvrir qu’une fois sa mort confirmée : 

Mon amie,

Je vous ai élue entre toutes, pour recueillir mes dernières volontés. Je sais en effet que vous m’aimez assez pour les faire respecter de tous. On vous dira que je suis morte inutilement, bêtement, en exaltée. Ce sera la vérité… historique. Il y en aura une autre. J’ai péri pour attester que l’on peut à la fois aimer follement la vie et consentir à une mort nécessaire.

À vous incombera la tâche d’adoucir la douleur de ma mère. Dites-lui que je suis tombée pour que le ciel de Belgique soit plus pur, pour que ceux qui me suivent, puissent vivre libres comme je l’ai tant voulu moi-même ; que je ne regrette rien malgré tout. À l’heure où je vous écris, j’attends calmement les ordres qui me seront donnés. Que seront-ils ? Je ne le sais pas et c’est pourquoi je vous écris l’adieu que ma mort doit vous livrer. C’est à des êtres tels que vous qu’elle est tout entière dédiée, à des êtres qui pourront renaître et réédifier. Et je songe à vos enfants qui seront libres demain. Adieu.

Le 8 août 1942, Marguerite est arrêtée par une sentinelle allemande aux abords d’un champ d’aviation alors qu’elle photographie des batteries antiaériennes. À son domicile, les allemands découvrent des armes. Incarcérée à la prison de Mons, elle est déportée en Allemagne pour y être jugée. Sans surprise, elle est condamnée à mort. 

Le 7 août 1944 à 18h34, Marguerite Bervoets est décapitée à la hache.

Elle meurt seule, sans bruit, à la chute d’un soir

Poudrée de ce soleil qui sait combien elle l’aime

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.