Aller au contenu

La Princesse de Clèves

Écrit par Aurore Evain

Création Sonore Laurent Sellier
Voix Marianne Schlégel

Conversation littéraire avec l’autrice.

« Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l’on doit croire que c’était une beauté parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes. Sa mère ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté, elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. »

Votre princesse, Madame de Lafayette,  fit grand scandale à la cour de France en l’an 2006. Le monarque républicain attaqua sa vertu éducative. Un vent de Fronde souffla : les partisans et les détracteurs de la princesse s’affrontèrent en joutes et tournois, dans la presse, les universités, les lycées, sur les places des mairies, devant le Panthéon, on organisa des marathons de lecture de la Princesse de Clèves, on réalisa des films, la guerre des mots fit rage… Et les ventes de vos romans s’envolèrent ! 

MLF : – « Je sais qu’il n’y a rien de si partagé dans le monde que les opinions ; ce que les uns estiment, les autres le méprisent, et il faudrait être tout à fait ridicule, pour prétendre à l’approbation générale. »

Vous avez pourtant fini par l’emporter : en 2018, vous devenez la première autrice programmée au baccalauréat littéraire.

MLF : – « J’ai le don de rougir autant que fille de France » 

Vos princesses de contes de fées, belles et parfaites, partagent la tragique existence de nombreuses épouses de votre temps. Elles eurent peut-être beaucoup d’enfants, mais ne vécurent pas heureuses… 

MLF : – « Quand on croit être heureux, vous savez que cela suffit pour l’être. » 

Vous les situez au XVIe siècle, là où tout a commencé, quand le mariage devient une institution d’État, se refermant sur elles comme un piège : par un édit de 1556, le mariage sans le consentement des parents devient un délit. Les princesses, plus encore que les princes, perdent définitivement leur liberté de choix.

MLF : – « L’on est bien faible quand on est amoureux » 

Votre écriture fluide et concise, qui révolutionna le roman en France, est une eau dormante, cristalline, et dangereuse, où viennent se noyer ces princesses prises dans les filets de la passion. 

 MLF : – Ayez du pouvoir sur vous, pour l’amour de vous-même.

Vous êtes notre contemporaine, Madame de Lafayette : mariage, consentement, violences conjugales, guerre de religion, et même développement personnel… ces thème traversent vos œuvres et en font nos premiers romans psychologiques.

MLF : – « C’est assez que d’être ».

Vos amis vous surnomment « le brouillard », mais qui êtes-vous, Madame de Lafayette ? Une fine critique de l’absolutisme et de la condition des femmes, ou une autrice politiquement correcte au service de la morale, une janséniste dénonçant les passions ou une femme à la recherche de la paix intérieure, une cancanière ou une habile historienne fouillant dans les cabinets noirs des Valois…

MLF : – « Ce qui paraît n’est presque jamais la vérité. »

1 commentaire pour “La Princesse de Clèves”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.