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Lise London

Écrit par Pauline Susini

Création Sonore Laurent Sellier
Voix Marianne Schlégel

« On ne naît pas résistant, on devient résistant. Quand on vous demande d’exécuter des ordres avec lesquels vous n’êtes pas d’accord, vous devez savoir dire « non » et maintenir votre « non », sans faiblir. Il n’y a pas de héros nés, ce sont les circonstances qui font les héros ».

Lise London, née d’une famille espagnole et venue en France au début du 20ème siècle pour trouver du travail, s’engage très vite dans l’action communiste.

Après des études de sténodactylographie, elle est envoyée par le Parti Communiste Français à Moscou en 1934. Là-bas, elle rencontre Artur London, militant du Parti communiste Tchécoslovaque, au self–service du Komintern : « J’ai aperçu un jeune homme, grand et beau, planté au milieu de la salle, comme pétrifié. Il me fixait intensément sans s’apercevoir que la tasse de thé qu’il tenait à la main dégoulinait le long de son poignet.»

Elle l’épouse en 1935 avant de s’engager dans la guerre civile espagnole en participant à la constitution des Brigades internationales à Paris, un combat fondateur pour elle : « C’était une guerre pour sauver le peuple espagnol, pour sauver la démocratie, la liberté et la paix mondiale« 

Son engagement ne s’arrête pas là : en 1939, elle entre en résistance contre l’Occupation allemande. Elle crée des comités féminins dans la banlieue sud dont l’objectif est d’utiliser les difficultés que rencontrent les femmes dans leur quotidien pour les mobiliser contre le gouvernement de Vichy et l’occupant.

Connue sous le nom péjoratif de « La mégère de la rue Daguerre », un jour de 1942, elle monte sur un étal, pose un béret sur sa tête et prend la parole publiquement :

« Ouvrez grands les yeux, ne vous laissez pas enfermer dans les certitudes, n’hésitez pas à douter, battez-vous contre les injustices, ne laissez pas la perversion salir les idéaux communistes. Soyez vous-mêmes. »

Elle est arrêtée et jugée par les autorités de Vichy, livrée aux Allemands et déportée au camp de concentration de Ravensbrück en 1944 où elle continue d’animer la résistance intérieure.

Après la guerre, elle rejoint son mari devenu vice-ministre des Affaires étrangères à Prague mais il tombe en disgrâce et est arrêté en 1951, dans le cadre des purges staliniennes.

Durant ces années de détention, il écrit des textes qui serviront de canevas pour son livre L’Aveu, qui dénonce les méthodes de tortures inhumaines et la fabrication des procès staliniens. Lise London se battra corps et âme pour faire libérer son mari. Il finit par être réhabilité en 1956 et ils se réinstallent à Paris dans les années 60.

À partir de la mort de son mari, en 1986, Lise London se consacre à la publication de ses souvenirs. Elle publie : La Mégère de la rue Daguerre. Souvenirs de résistance, en 1995 et Le Printemps des camarades, en 1996.

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