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Mary Sidney

Écrit par Aurore Evain

Création Sonore Laurent Sellier
Voix Marianne Schlégel

2878 car.

Rue «William Shakespeare»… de son vrai nom Mary Sidney Herbert, comtesse de Pembroke. Une révélation qui ferait frémir tout masculiniste qui s’ignore. Car, comme l’affirmait un vieil évêque anglais au début du XXème siècle: , «Les chats ne vont pas au paradis, les femmes ne peuvent pas écrire les œuvres de Shakespeare».

Pourtant, si cette hypothèse n’est pas, en l’état actuel des recherches, totalement vérifiable, elle est, du moins, tout à fait vraisemblable. Il suffit, pour s’en assurer, de lire la fascinante recherche, savamment documentée, menée par Robin P. Williams, une chercheuse américaine, qui maniait les algorithmes informatiques avant de mener cette véritable enquête policière.

Les faits:

D’un côté William Shakespeare. Il est le plus inconnu de nos plus célèbres écrivains . Aucun de ses manuscrits ne nous est parvenu. Nous connaissons sa vie en détail, jusqu’à ses moindres dettes, mais pas un mot sur le fait qu’il était dramaturge. A sa mort en 1616, aucun hommage, pas de souvenirs de son enterrement, et il fut inhumé dans une tombe non gravée à son nom, dans l’église d’un village. Son testament ne mentionne aucun livre, ni aucune de ses nombreuses œuvres restées inédites à sa mort. Il n’a appartenu à aucun cercle littéraire de son temps. Sa famille était illettrée , et on ne lui connaît aucune formation. Les pièces shakespeariennes se déroulent souvent à l’étranger, et comportent des descriptions remarquablement précises . Pas de trace écrite d’un quelconque voyage de William Shakespeare hors d’Angleterre. Où a-t-il puisé ses connaissances de l’Antiquité, de l’Histoire, du Droit et de l’anatomie ? Comment aurait-il pu connaître dans le détail les nombreux aspects de la vie aristocratique, lui qui gravitait si loin de ce milieu ?

De l’autre, Mary Sidney Herbert, Comtesse de Pembroke, est l’une des plus brillantes écrivaines parmi les oubliées qui hantent notre Histoire littéraire. Elle anima le plus influent cercle littéraire anglais et consacra sa vie à la production de grandes œuvres en langue anglaise. Polyglotte, parlant couramment latin et maîtrisant sans doute le grec, d’une érudition exceptionnelle, pratiquant l’alchimie et la médecine, la musique, la fauconnerie, la politique, l’occultisme…,elle fut aussi la première femme à publier une pièce en anglais – qui servit de modèle à l’Antoine et Cléopâtre de Shakespeare – et parmi les premiers dramaturges à utiliser les vers blancs – que l’on retrouve dans les œuvres shakespeariennes. Il était néanmoins inconcevable, en raison de sa condition sociale et de son sexe, qu’elle signa des pièces destinées au théâtre professionnel.

Une femme a-t-elle écrit les œuvres attribuées à Shakespeare? That is the question, mais, au terme de cette équation, les chats pourraient bien aller au paradis… et cette rue être celle de la comtesse de Pembroke.

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