Aller au contenu
Sonia Delaunay

Sonia Delaunay

Écrit par May Bouhada

Création Sonore Laurent Sellier
Voix Marianne Schlégel

Tu es Sonia. Artiste multiple, tu créais des tableaux, des robes, des costumes, des bijoux. Tu construisais, confectionnais, affectionnais l’art abstrait. Êtes-vous jaune, bleue, ou rouge à l’intérieur ? Quelle est votre couleur du dedans ? Quelles sont vos couleurs, simultanément ? Le cercle chromatique est un chant. Rythmes, couleurs franches, abstraction : c’est une révolution. Tu es née en 1885. En Ukraine. Née Sara Ilinichtna Stern. Petite fille, tu fus confiée à ton oncle, Henri Terk, et voilà : tu as grimpé au Nord, à Saint Pétersbourg. Autorisée à voyager, à étudier, tu es partie pour l’Allemagne, et puis tu as rencontré l’art, les couleurs. Le jaune de Van Gogh, et son bleu aussi. Les verts, rouges et bruns de Gauguin. Les fauves. Comment résister aux fauves ? Tu es fauve ! Jaune, est ta couleur du dedans. Tu fais un mariage, blanc ! Un mariage d’humour, avec un homme qui aimait les hommes, vous vous êtes mis d’accord. C’est ainsi que tu conquiers ta liberté. Les artistes sont tes frères. Paris est le centre du monde. C’est le début du siècle, une danse créative, un vrai tourbillon. Et puis voilà que tu rencontres l’amour, le vrai, l’artiste Robert Delaunay. Voilà : tu deviens Sonia Delaunay, la femme de Robert Delaunay. Artiste pur, ça n’existe pas. Les fêtes à Montparnasse, c’est toi, l’énergie, c’est toi, les mondanités, c’est toi. L’argent, c’est toi. La débrouille, après la Révolution russe, c’est toi…mais qui emporte la gloire ? Essentiellement, c’est lui, ton mari. Vous êtes deux, pourtant. D’ailleurs on dit que l’apport des couleurs franches, c’est toi. Tu chéris la couleur, l’art abstrait, la poésie. Cendrars est ton camarade, Apollinaire baptise ton travail du subtil nom d’orphisme… mais ta signature, à toi, Sonia, quasiment, disparaît ! Confondue dans ton couple, confondue dans le kaléidoscope de vos talents, Sonia et Robert Delaunay. On dit de toi, oui, que tu es si douée, mais tu te bats pour la gloire de Robert. Tu es éclectique, électrique, dynamique, excentrique, inspiratrice, inspirante, mais un peu éparpillée. Il faudra attendre longtemps, Sonia, pour voir ta première rétrospective personnelle : 1967! Plus de vingt ans après la mort de Robert. Puis 2015, à Paris et Londres, sans lui, et toi depuis longtemps partie. Ton tableau, Au Bal Bullier, évoque un couple qui danse, sur un large pan horizontal : simultanément, la piste de danse se déploie dans le mouvement. Le support est fixe, et le couple est mobile dans la vibration des couleurs et des formes géométriques. C’est comme un kaléidoscope. C’est de toi, avec lui.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.